Journal d'entrainement: du 11 au 21 Juin

Vendredi 11 Juin

Première incartade à ma tenue de ce journal: je n'ai pas pris de note sur le moment, et je ne me rappelle donc pas exactement de ce que j'ai fait. Je crois que j'ai continué à réviser la petite-forme d'absorber-projeter du daxuan qigong. J'ai mémorisé la forme, il faut maintenant que je me l'approprie, qu'elle devienne... naturelle. On en est encore loin, cependant, plus j'avance plus je sais qu'il suffit de répéter, de façon diligente, un peu tous les jours, pour que cela rentre.

Samedi 12 Juin

Il fait de plus en plus chaud et cela impacte nécessairement mon entrainement. J'ai réalisé qu'une différence entre mon entrainement et celui de l'auteur du blog "1000 suburi" dont je parlais dans mon introduction, c'est que lui s'imposait un entrainement très monotone, long et dur physiquement. Je m’entraîne aussi beaucoup, des exercices qui peuvent aussi être monotone, mais je varie en fait énormément les pratiques, beaucoup plus que je ne le pensais au premier abord. Cela m'évite l'ennui, évidement, mais c'est aussi le moyen que j'ai trouvé pour tenir compte de mes limitations et ne pas m’abîmer. Forcément, cela enlève le côté challenge physique que l'on trouvait sur le blog "1000 suburi". Néanmoins, notre mode d'entrainement fonctionne mieux lorsque l'on passe un certain temps, voir un temps certain sur un seul exercice plutôt que de varier énormément. Pourquoi? Tout simplement parce que certains changements et certaines réalisations mettent du temps à s'installer. On ne trouve pas comment lâcher certaines tensions en 3 secondes, par exemple. Rien que dans les positions statiques, trouver l'alignement parfait, la répartition de poids parfaitement au centre du pied, avec un alignement de tout le corps, c'est tout un programme, que l'on n'obtient pas en quelques minutes (même si c'est déjà bien de les faire quelques minutes chaque jour, il faut bien commencer quelque part). C'est d'ailleurs un exercice qui me fascine, quand je vois à quel point le moindre micro-ajustement de la posture peut tout changer en terme de ressenti, de tensions, de douleurs...

Paradoxe, à cause de ma pathologie (insuffisance surrénalienne), je ne peux pas me permettre de trop forcer sous peine de déclencher une crise. Je ne peux pas me dire, "Allez, je vais faire 1H de positions statique sans arrêter". Bref, tout cela pour dire que dans les semaines qui vont venir, mon challenge va être d'essayer de monter en terme de temps sur des pratiques "tenues", tout en faisant suffisamment attention pour ne pas aller trop loin. Tout un programme.

Semaine du 13 au 21

Je n'ai pas pu continuer à tenir ce journal cette semaine. La chaleur est un fléau pour les insuffisants (les surrénales gérant entre autre la régulation thermique, elles sont très affectées par les températures extrêmes. Je me suis effondré mardi soir malgré mes précautions et je suis parti dans une crise dont j'ai mis longtemps à me remettre. J'ai du annuler le cours de mercredi, et y aller tout doucement toute la semaine. Lorsque la température a commencé à redescendre, j'ai repris le travail de positions statiques, comme je l'ai mentionné précédemment. Cela fait un an que je fais du taichi à haute dose, je pense que je vais faire un break de quelques semaines et faire essentiellement du travail statique et du qigong, pour changer. Ou je vais retravailler chaque main du taichi de façon intensive et séparée de la forme. Je sens que si je veux passer un cap, c'est le seul moyen. La forme, c'est sympa, mais cela ne permet pas de passer assez de temps sur les points qui posent problème.

Cela me rappelle une anecdote: il y a 11 ans, un peu avant que je tombe malade, je bossais pour une boite d'informatique à Seattle. Tous les midi, j'allais m’entraîner une demi-heure à la salle. Au début, je faisais une succession de pleins d'exercices en passant 5 minutes sur chaque. Puis je me suis fixé le challenge de passer 30 minutes à ne faire qu'un exercice, en l’occurrence, "Bong Chuan", le poing du Xing Yi Quan qui me posait le plus de problème. Ce travail a été très intéressant sur un plan de la volonté et du rapport au temps et à l'ennui, mais surtout il a donné des résultats impressionnants. A chaque fin de séance, je testais mon poing sur un mannequin de frappe de la salle. Au début, c'était assez pathétique... Mais un jour, 3 mois plus tard, j'ai testé mon poing... Et j'ai renversé le mannequin sans effort. Il n'y a pas de secret, pour développer une qualité particulière, il faut passer du temps à raffiner cette qualité. D'où l'intérêt des pratiques longues: si la prise de conscience dont vous avez besoin n'arrive qu'au bout de 33 minutes de pratique mais que vous vous arrêtez toujours à 32... Bien évidement, ce n'est pas aussi simple, mais vous voyez l'idée.