Journal d'entrainement: du 7 au 10 Juin
- Loïc Paipai
- 18 juin 2021
- 5 min de lecture
7 Juin
- J'ai commencé ma pratique sur-motivé avec l'objectif de faire 30 minutes de positions statiques sans interruption, puis d'enchaîner avec une révision de la fin de la deuxième partie de la longue forme de taichi. Sauf qu'au bout de quelques minutes, mon dos m'a rappelé que j'étais passé entre les mains de mon ostéo le matin même, et qu'il fallait surement que je laisse les choses se remettre en place. Je me suis donc interrompu, j'ai fait quelques mouvements de dao-yin pour m'étirer, et tout de même une fois la forme de taichi le plus détendu possible, juste pour le plaisir.
- J'ai continué l’expérimentation de l'espèce de respiration profonde que j'ai trouvé allongé ce week-end. Assis, j'ai plus de mal mais cela commence à venir.
- L'un des problèmes lorsque l'on enseigne, c'est que l'on doit tout connaitre, alors que lorsque l'on pratique, on peut se concentrer sur ce dont on a besoin pour soi. Je suis donc en train de réviser le QiGong du Daxuan, car je le fais en général sous sa forme simplifiée. Je dois donc me remettre en mémoire l'intégralité des petites formes de chaque partie pour pouvoir les transmettre. C'est là qu'on est content d'avoir des notes et des amis pratiquants avec qui échanger :) Mes ouailles n'ont pas encore complètement mémorisé la version simple de ce qiqong, mais d'ici septembre, je pense qu'elles seront prêtes pour que l'on ajoute une couche de complexité, je dois donc aussi être prêt.
- Une dizaine de minutes de méditation, ce n'est pas encore l'idéal mais au moins je n'ai pas zappé cette partie aujourd'hui :)
8 Juin
Frustration. Je me rends compte que si je veux bosser tout ce que je veux, il faudrait en gros que je fasse: 30 mins de daxuan qigong, 30 minutes de paumes du taichi, 30 mins de daoyin, 30 mins de forme de taichi, 30 minutes de filer la soie et 30 minutes de positions statiques. Soit 3 heures de pratique. Sans compter neidan et méditation. Or, j'ai environ 2 à 2h30 au total à consacrer à la pratique dans la journée.
Pourquoi? Car chacune de ces pratiques nécessite un travail sérieux pendant quelque temps pour amener des vrais changements en profondeur, et pas juste un bien-être temporaire de surface.
Il va falloir que je trouve un moyen de faire un peu tout sans sacrifier la qualité. Je pense que la solution va être dans le fait de faire quelques minutes de chaque type d'exercice par jour, et un gros bloc de de temps à l'approfondissement d'un exercice en particulier. Le problème va être de s'organiser pour ne rien oublier, or, j'aime bien que ma pratique soit assez libre... Bref il va falloir trouver un équilibre.
- Ceci étant dit, j'ai continué ma révision du Daxuan qiqong, en travaillant la petite forme de tirer-pousser, que je ne fais jamais car je le travaille d'habitude toujours de la façon la plus simple possible.
9 Juin
- Un très bon cours en extérieur avec deux de mes élèves, où nous avons révisé les quelques premiers mouvements de la forme de taichi. Il s'est passé un truc intéressant: à un moment, j'ai demandé à mes élèves de réduire l'amplitude de leurs mouvements et d'éliminer tout geste parasite, de revenir à un mouvement naturel. L'une de mes élèves m'a alors répondu que si ces mouvements lui venaient, c'est qu'ils étaient naturels, par définition. Comme souvent, je suis resté un peu bête. Je sais que selon notre tradition, cette affirmation était fausse, mais je n'arrivais pas à formuler pourquoi dans l'instant. Ce n'est que plus tard que la réponse a décanté.
En fait, ce n'est pas parce qu'un mouvement nous vient automatiquement qu'il est naturel. Au contraire, il est influencé par une vie de mauvaises habitudes, de traumatismes, de tensions diverses et variées, voir de gestes contrariés (comme les gauchers que l'on force à devenir droitiers). C'est pour cela que l'on compare parfois la pratique au fait de peler un oignon: il s'agit d'enlever, couche après couche, tous nos automatismes pour revenir au naturel, au geste juste. Mon professeur prend souvent l'exemple du chat: voyez comment il se déplace avec une économie d'énergie incroyable, avec le corps complètement uni, de façon totalement souple et détendue. Et bien c'est cela que l'on vise en très gros.
- J'ai continué mes révisions sur le daxuan qigong, en pratiquant aussi un peu la version de santé. - Je n'ai pas eu le temps de vraiment faire de la méditation, par contre j'ai pu faire une scéance agréable de neidan.
10 Juin
- Longue pratique du daxuan qiqong santé. Le qigong est évidement intrinsèquement bon pour la santé, mais là on parle d'une version où tout est fait pour accentuer les bénéfices sur la santé. Pour le moment, je découvre cette nouvelle pratique, je m'exerce à chaque partie séparément pour bien clarifier chaque intention et je suis très loin d'une version unie. J'ai des sensations énergétiques impressionnantes au regard d'intentions qui sont finalement assez simples. Profitons-en pour parler d'énergie, d'ailleurs, car ce mot peut déchaîner les passions entre ceux qui y croient et ceux qui n'y croient pas.
Je suis quelqu'un de très pragmatique, et je n'aime pas trop les gens façon new-age qui parlent de ressentir les énergies dans un espèce de vide théorique et pratique. Quand je parle de sensations énergétiques, je parle de sensations physiques réelles et concrètes, que j'expérimente en pratiquant. Les poils qui se dressent sur les bras, c'est une sensation énergétique, pour prendre un exemple très simple que tout le monde connait.
Avant de partir dans des considérations mystiques, le vocable "énergie" désigne à mon sens un ensemble complexe d'interactions physiologiques, qui sont modélisées par la médecine chinoise sous ce terme d'énergie(s). Lorsque j'ai la sensation d'aspirer l’énergie extérieure dans mon bras, j'ai avant tout des sensations physiques très claires. Il y a tout un ensemble de micro contractions des muscles, probablement aussi une stimulation particulière des nerfs (donc un échange électrique, donc énergétique, rappelons-le), voir des fascias. Bref il se passe quelque chose dans mon bras qui est de l'ordre du manifesté, même si le fait de dire "j'aspire l'énergie avec mon bras" ferait bondir n'importe quel sceptique.
Mon intention a donc un effet sur ce qui se passe sur mon bras, c'est un effet qui est évident à un niveau macro (je décide de plier le bras, mon bras se plie), mais qui a aussi été démontré par la science à un niveau micro (j'imagine que je bouge mes doigts, les aires du mouvement de mon cerveau s'allument et les nerfs et les muscles sont stimulés).
Après, de savoir si j'aspire vraiment "l'énergie cosmique" ou pas, à la limite, peu importe, chacun se fera son opinion. Ce qui est important, c'est que la technique marche, qu'elle a un effet manifesté, mesurable. Il est alors plus facile pour en parler de se mettre complètement dans le référentiel de la cosmologie taoïste que de toujours faire des aller-retours avec notre vision occidentale des choses. Je compare toujours cela au langage binaire des ordinateurs: c'est une manière très différente de calculer que notre base 10, et on ne peut pas les mélanger. Pourtant, au final, on manipule les mêmes nombres et on arrive aux mêmes résultats.
Comments